Friday, February 6, 2009

Punto de Cóndores

Quel sortie spectaculaire! Finalement, je ne suis qu'un petit peu déçue de ne pas avoir pu atteindre le sommet argentin du Monte Tronador (il y a en a trois: le chilien, l'argentin, et le plus haut qui sert de frontière entre les deux et duement nommé El Internacional), car la marche jusqu'a Punto de Cóndores est absolument magnifique!

Pour arriver, il faut prendre un bus qui nous dépose 3 heures plus tard à Pampa Linda. C'est un endroit que je connais déjà, j'avais fait un trek de 3 jours puis un autre 2 deux jours seule ici (d'ailleurs, c'est ici que j'ai rencontré Marcelo, pour ceux et celles qui le connaissent!), et 2 ans plus tard, Marcelo est moi avions fait un trek de 6 jours qui se termine là aussi. Les environs du parc Nahuel Huapi offrent une variété incroyable d'activités!

Au début du sentier, juste avant les lacets.

Bon, alors après les 3 heures de bus, environ 5 heures de marche. Il est possible de le faire plus vite, mais comme il faisait très chaud, je suis partie tranquillement, accompagnée de Darío, que j'ai rencontré dans le bus. J'avais avec moi piolet, crampons, bottes d'escalade, sac de couchage, quelques vêtements chauds, eau. Vraiment le minimum. Je comptais coucher et manger au refuge, pour m'éviter le poids de la tente, brûleur, bouffe etc. Je suis en repos, après tout, après l'Aconcagua!

Il y a environ 1000m de dénivellé à gravir, alors c'est quand même un peu exigeant. Darío et moi prenions des petites pauses pour boire, mais le rythme était tranquille.


L'arrivée à la partie de roches, glacier et chutes.

La dernière heure est la plus exigeante, car nous quittons les lacets qui traversent la forêt pour arriver dans la roche. À ce moment, nous sommes exposés au vent. Et le pauvre Darío n'a plus rien compris! Alors que lui fatiguait et peinait maintenant à continuer, moi, revigorée par ce vent frisquet qui m'a fait l'effet d'une bonne nuit de sommeil, suis partie plus vite sans m'en rendre compte, et il a du me demander de ralentir à 2 ou reprises!

De la porte du refuge Otto Meiling.

En arrivant au refuge, on laisse ses sacs dehors, on s'enregistre (on passe son temps à s'enregistrer dans ce parc, les guardaparques prennent très au sérieux la sécurité des visiteurs), les gens ont la liste de ceux qui devaient monter et savent s'il manque quelqu'un. On s'inscrit pour les repas que l'on souhaite.

Je reconnais Mauricio, le guide avec lequel je me suis entretenue le jour avant pour faire la réservation de l'excursion (il y a un téléphone au refuge). Il se trouve que c'est le même guide avec lequel, 5 ans avant, nous avions fait l'excursion sur un glacier. Le temps passe vite! Alors que nous parlons des préparatifs et qu'il vérifie notre équipement, un argentin nous écoute, s'enthousiasme, et s'inscrit également à l'activité. Nous serons donc 3 à partir le lendemain.

On nous assigne, à Gabriel et à moi, les deux matelats les plus proches des escaliers, pour que nous ne réveillions personne en quittant le lendemain matin. Notre départ est prévu pour 6h30.


Coucher du soleil au Monte Tronador.

La soirée passe agréablement, nous mangeons un délicieux (et énorme!) repas, avec du vin.


Amis instantanés lors du repas au refugio.

Le lendemain, lorsque le guide Mauricio arrive pour nous réveiller, j'ai les yeux déjà grands ouverts, je suis inquiète, par la fenêtre la visibilité n'est pas géniale et je sais que l'activité risque d'être annulée. Heureusement, Mauricio décide de prendre une chance, et nous demande si nous sommes toujours intéressés. Devant nos binnes on ne peut plus enthousiastes, il sourit et nous invite à déjeuner, ce que nous faisons en silence. Nous préparons les sacs de jours, un peu de bouffe dense en énergie, de l'eau, dans laquelle je met du sel et un peu de jus, pour la minéraliser, quelques vêtements au cas où le temps change. Nous mangeons et partons.


Le sommet argentin au crépuscule.


Notre guide Mauricio, Gabriel et moi, au départ.

Nous devons traverser deux glaciers pour arriver, alors dès le premier, nous nous encordons, et devons marcher à distance de la corde. C'est une mesure de sécurité, un peu comme mettre sa ceinture dans la voiture. Si un de nous tombe dans une crevasse, les autres ont le temps de réagir, et ce n'est pas tout le monde qui tombera, il y aura des gens pour sortir l'autre.


Mauricio, la corde entre nous, passant entre les crevasses.

Ça fait un petit bout de temps que Mauricio n'est pas venu (comme c'est une des sorties un peu plus exigeantes, elle n'attire pas tout le monde) et il est navré de voir combien de glace a encore fondu en deux ou trois semaines. Nous devons enlever et remettre souvent nos crampons. Les parties de roche que nous devons traverser sont très mouillés (heureusement, la roche a une excellente adhérence....lorsqu'elle ne tombe pas en morceaux!! Elle est très friable) et Mauricio le fait à "corde courte" (ça veut dire qu'il nous fait avancer un à la fois seulement, et ne nous donne que juste assez de corde pour avancer, prêt à nous retenir si nous tombons).


La roche exposée, qui est normalement toujours recouverte de neige.

Par contre, le fait qu'il neige si peu et que tout fond, ça veut dire que le glacier lui même est spectaculaire, car on voit très bien les crevasses, les couleurs, les formes. Nous faisons 1000 arrêts photos!


Le deuxième glacier à traverser, avec le sommet du Punto de Cóndores.


Mauricio étudiant le terrain avant de nous faire passer à l'intérieur d'une crevasse.

La dernière partie est à pic. Les techniques de haute montagne sont de mise, heureusement que j'ai eu pas mal de pratique dernièrement, je n'ai aucun problème. Nous devons nous arrêter à quelques reprises pour Gabriel. Comme nous sommes toujours encordés, et que la corde ne doit pas accumuler de " mou" (loose) nous devons avancer en un seul bloc. Si un s'arrête, nous devons tous le faire.

Un dernier effort, et nous voici arriver à un endroit de pierre où nous nous débarassons de corde, crampons et piolet. Nous avançons un dernier 150m, et quel spectacle!!!! Devant nous, à perte de vues, des montagnes, des glaciers avec de grandes cascades, les trois sommets du Tronador qui viennent de se dégager, des volcans au loin (incluant deux que j'ai grimpé, le Lanín et Puyehue), et en bonus, 2 condors venus voir ces étranges bêtes qui entrent dans leur territoire!

Les 3 sommets du Monte Tronador en arrière plan: argentino, internacional et chileno.
Nous passons une heure magique à tout admirer, prendre photo sur photo, et admirer à nouveau en mangeant des fruits secs, du chocolat et du maté. Le soleil n'est sorti que pour cette petite partie!


Sommet chilien, avec le gros trou laissé par la tombée d'un énorme glacier. Cela prendra des siècles à le reconstruire, si tout le reste ne fond pas avant.

Bientôt le temps change, Mauricio s'inquiète, nous partons. Non sans regrets, comme j'aurais aimé rester dans cet endroit sublime! Mais avoir pu y passer une heure est déjà un privilège.

Au retour, Gabriel peine. Il doit être arrivé fatigué déjà, car il ne va pas bien. Nous nous arrêtons souvent. Au retour, tout lui parait plus loin, plus long. À moins que ce soit tout simplement moi qui, avec mes globules rouges en extra (l'acclimatation dure jusqu'à une dizaine de jours) sente tout plus facile que ce ne l'est.

Avec Mauricio

Nous arrivons au refuge avec le vent qui, heureusement, nous soufflait dans le dos au retour. On nous sert un énorme plat de spaghetti bolonaise auquel je fais honneur. Il ne se passe pas une demie-heure que le temps se déchaîne, et une grosse pluie torrentielle, qui se transformera en neige le soir venu, s'abat sur le refuge. Nous la regardons tomber, bien au chaud et au sec, en train de trinquer au vin rouge notre magnifique journé. Et ensuite, le personnel fait une fondue au chocolat, mmmmmmmmm, ça, on ne peut pas plus parfait comme journée!

Le lendemain, tout est féerique et blanc pour la descente!


Le refuge dans la blancheur de la neige.

1 comment:

  1. Superbe sortie Carmen, en effet, ça a tout l'air d'une journée de rêve... En tout cas, pour des portifs amateurs de plein air !! Ça c'est la vraie vie !
    Gros bisous,
    Claire

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